Le lâcher-prise

Le lâcher-prise

Un mot à la mode. 
Mais quelle « prise » s’agit-il de lâcher ? La vie se charge de nous apprendre que nous n’avons que peu de contrôle sur ce qui nous arrive.

La constatation de cette réalité est parfois apaisante : nous ne sommes pas responsables de tout ce qui nous arrive ; il n’y a pas toujours quelque chose que nous aurions du faire, ou que nous avons mal fait. Tout ne s’enchaine pas systématiquement dans une causalité logique.

Mais parfois, cette constatation de notre peu de « contrôle possible » génère de l’angoisse, de la révolte, ou une résignation proche de l’état dépressif.

Il est pourtant bon d’accepter qu’on ne peut rien faire : en arrêtant de lutter, un espace peut s’ouvrir.

Il y a alors possibilité de voir que la seule chose sur laquelle nous avons une prise, c’est sur la manière dont nous réagissons à ce qui nous arrive. Ce qui nous amène à une proposition tout à fait étonnante : la seule chose sur laquelle nous avons une prise, c’est de lâcher notre « prise » sur les circonstances de notre vie, de lâcher notre désir et notre volonté de changer ces circonstances.

Car ce que nous avons du mal à lâcher est souvent cela même qui fait obstacle à notre cheminement. D’une certaine façon, nous sommes dépendants de ce qui nourrit notre souffrance. Nous en avons la jouissance, comme si nous en étions propriétaires. Nous tenons à cette plainte car elle permet un lien à l’autre, celui qui pourrait nous en délivrer. Cela crée une relation de dépendance qui nous isole tout en nous privant du pouvoir de notre solitude.

Car notre pouvoir d’être est la flamme singulière qui seule peut éclairer nos choix, intuition profonde qui fonde le regard que nous portons sur nous-mêmes. Un regard sincère et sans jugement qui offre la reconnaissance qu’habituellement nous demandons aux autres sans en être jamais satisfaits.

 

Martine Migaud et Benny Cassuto