Qu’est-ce que le Qi Gong?

Le Qi Gong, c'est l'art du mouvement

Cet art gymnique millénaire des chinois stimule la circulation de l’énergie, du sang, des liquides organiques, l’élasticité des tendons, la multiplicité des échanges métaboliques, la vitalité des organes, mais aussi le mouvement des émotions, la souplesse de la pensée et l’ouverture du coeur.

Cette pratique nous éveille à ressentir un corps fort différent de la représentation que nous en donne la médecine occidentale qui le réduit à son aspect anatomique, dissécable, dont les rouages internes sont objectivement observables par les moyens technologiques dont elle dispose.

Le Qi Gong nous propose d’habiter de l’intérieur un corps vaste, où le souffle circule. La perception sensorielle s’étend alors au-delà du corps physique vers le Ciel, elle traverse le sol, et se déploie dans l’espace en avant, en arrière, à droite et à gauche. Les contours de ce corps d’énergie sont continuellement en mouvement, et on ne peut le saisir qu’à travers l’intuition que donne le ressenti, sans pour autant pouvoir prétendre en avoir une compréhension objective et finie.


L’expérience ressentie du corps taoïste donne le vertige …

Vivre son corps à travers la proposition taoïste donne le vertige… L’expérience sensorielle développée par la pratique éveille l’image du corps Taoïste. Ce corps est vivant, animé, en interaction avec les formes tangibles perçues par la réalité ordinaire de nos 5 sens, mais il perçoit aussi l’invisible, l’intangible, l’énergie subtile qui anime l’univers.
Il est en relation avec le présent bien sûr, mais aussi le passé, le nôtre et celui de nos ancêtres, et en définitive le futur, car il porte en lui une dimension quantique qui échappe au temps et à l’espace… Ses outils de perception, conscients ou inconscients, sont sans limites.

Notre corps physique est un corps de mémoire : l’histoire de nos ascendants et la nôtre jusqu’à l’instant que nous sommes en train de vivre y sont inscrites. Cette mémoire est vivante et agissante : elle nous permet d’interpréter le monde qui nous entoure, d’y vivre et d’y créer notre propre chemin. Mais elle peut aussi nous enfermer dans des représentations figées par des croyances et des certitudes inconscientes. Une partie de notre énergie est alors prise en otage : elle ne peut plus se « mettre à jour » dans l’espace-temps que nous sommes en train de vivre.


Le Qi Gong nous remet en mouvement

Le Qi Gong, c’est l’art du mouvement. Cette pratique nous aide à déloger l’énergie encapsulée dans notre corps et à la remettre en mouvement. Nous apprenons à laisser circuler tous ces souffles en nous, à les laisser aller et venir, sans les bloquer, tandis qu’une partie de nous reste calme et tranquille et ne pose aucun jugement. À l’aide d’étirements doux et conscients, de la respiration et d’une présence totale à l’instant, nous libérons le Qi enfermé dans notre carapace musculaire et énergétique. Nous apprenons à tourner nos sens vers l’intérieur, vers l’infinie subtilité du ressenti, vers des couches de plus en plus profondes de conscience.

Le Qi Gong et le mouvement

L’émotion est une réaction énergétique qui, comme tout mouvement du Qi, a une impulsion de départ et une trajectoire qui aboutit à l’épuisement du mouvement initial. Cette impulsion reste souvent figée dans nos cellules, car son intensité n’a pu être accueillie au moment de l’impact. Mais le mouvement, bloqué, garde sa puissance, nous empêchant de vider le passé de son impact traumatique. Cela colore alors la perception du présent et prend le futur en otage.

La liberté des souffles permet à la pensée d’être fluide, ouverte, dans une représentation du monde sans cesse en mouvement. Cette fluidité nous permet de nous adapter à chaque instant aux évènements de notre vie, et aux résurgence du passé qu’ils déclenchent.

Nous observons le déroulement du mouvement, tranquillement, avec calme. Nous accueillons les sensations, les images, les émotions et les pensées qui surgissent, sans jugement, sans interprétation. Nous cultivons la tranquillité au sein du mouvement. Notre conscience est à la fois totalement présente au mouvement qui se déroule, tout en étant en même temps déposée dans l’espace au-dessous et autour du corps. Cette pratique régulière modifie peu à peu la conscience et la matière même de notre corps : une partie de notre inconscient émerge et nous devenons sensible à une réalité supra consciente, au-delà de la réalité ordinaire.

Nous cessons graduellement de nous définir par notre histoire, notre corps, notre rôle social, familial, professionnel.


Le paradoxe de l’incarnation

L’attitude d’écoute intérieure développée pendant la pratique de Qi Gong va pouvoir graduellement s’installer dans le restant de notre vie. Cette présence à soi et à l’univers dans la vie quotidienne va donner un sens et une direction plus clairs à notre vie. Nos contradictions intérieures vont pouvoir se résoudre en une tension génératrice d’élan vital.

Car notre existence se fonde sur deux réalités bien différentes. Notre nature incarnée nous donne un corps porteur d’une histoire et d’un temps de vie limité. Notre nature subtile nous permet de transcender ces limites apparentes. C’est la dimension d’infini dont nous sommes tissés. Nous ne pouvons l’appréhender par la pensée, car elle dépasse le cadre de l’incarnation, mais nous pouvons « y être ».

Le Qi Gong et le paradoxe de l’incarnation

Le Qi Gong nous aide à rester en contact avec nos deux natures. Lorsque nous ne nous identifions pas en totalité à notre réalité quotidienne, et que nous restons en contact avec un espace d’être plus vaste, la question du sens profond de notre vie ne se pose plus : il se vit. Et lorsque l’articulation entre ces deux composantes de notre être perd de sa fluidité, nous souffrons. L’énergie cesse de circuler librement. Nous ne pouvons plus créer du sens avec ce qui nous arrive. Les sensations, enfermées dans le corps physique deviennent des symptômes. Les images qui nous permettent de nous représenter notre réalité intérieure et le monde qui nous entoure se figent. Et les paroles qui nous viennent sont pauvres et répétitives : plaintives ou remplies de bonnes intentions qui ne trouvent jamais à s’incarner.


Les impasses de l’énergie créent la souffrance et la maladie

La nature de l’énergie est de circuler. « Ça » veut vivre en nous. Continuellement, venant de l’intérieur, la puissance de la vie, celle qui habite la nature au printemps, pousse pour se déployer. Elle se déploie parfois avec liberté, et créativité. Mais elle se heurte aussi à nos rigidités mentales, nos défenses psychiques et nos refoulements émotionnels. La plupart du temps sans en avoir conscience, nous dépensons une énergie incroyable à retenir cette vitalité, faute de savoir comment l’accueillir.

Le Qi Gong et les impasses de l’énergie

Lorsque nos défenses faiblissent face à l’impact des situations que nous n’arrivons pas à accueillir, des sensations étranges apparaissent, autour desquelles la mort, le désespoir ou la folie semblent rôder. Ce sont les lieux de notre histoire ancestrale ou personnelle où la vie a été prise en otage, figée dans la mémoire cellulaire.

Le Qi Gong appelle le souffle dans les impasses de notre corps. Cette maladie ou cette souffrance viennent du désir de vivre plus grand, plus vaste, dans un corps qui accueillerait sa part de mystère. Il s’agit, à l’aide du souffle, de créer de l’espace pour cette partie de nous-mêmes qui vient d’ailleurs. L’écoute intérieure et la pratique du Qi Gong desserrent les fibres du quotidien, offrant ainsi un espace pour accueillir autre chose. Il ne s’agit pas de trouver la cause de notre souffrance, mais de faire de la place à ce que nous ne pouvons pas saisir par notre mental. Il nous faut nous surprendre pour nous déloger de nos fixations. Il nous faut accepter de faire un détour au lieu de nous heurter constamment la tête sur le même mur.


L’incongru

La pratique du Qi Gong nous entraîne ailleurs.Nous choisissons d’arrêter un instant la ronde infernale de nos pensées, de tourner le dos à notre représentation du monde et d’abandonner la tension rigide de nos muscles pour nous détendre et respirer.Nous quittons résolument l’habituel pour être juste dans la sensation. Nous voyageons à l’intérieur de notre corps, comme si nous acceptions enfin d’écouter des zones de nous-mêmes qui n’ont jamais reçu d’attention, sauf lorsqu’elles se signalaient par une douleur.

Le Qi Gong et l’incongru

L’écoute intérieure sans impatience, accompagnée d’une respiration tranquille, crée un nouvel espace qui desserre l’étau qui immobilisait notre énergie. Des tensions inconnues apparaissent, parfois des émotions surgissent. Des sentiments de grande ouverture, d’amour succèdent à des bouffées de sentiments extrêmement désagréables, voire haineux. Tout ceci est à accueillir sans jugement. Ne rien vouloir changer, et surtout ne rien interpréter.

C’est peut-être la plus grande difficulté de cette pratique : faire confiance. Ne pas vouloir saisir ou favoriser les sensations agréables. Ne pas juger ni bloquer les réactions désagréables. Ne pas chercher à comprendre, à analyser. Juste accueillir tout ce qui apparaît. Cette ouverture de la conscience offre alors un contenant aux « embouteillages » du souffle. Plus il y a de présence et d’écoute à ce qui apparaît dans un corps détendu, plus l’espace offert par la conscience permet aux mouvements du souffle de retrouver leur circulation harmonieuse.

Un nouveau regard sur nous-mêmes et le monde vu par nous émerge de cette pratique. Nous devenons plus souples, sur tous les plans, plus adaptables, plus créatifs.

La maladie ou la souffrance psychologique ne sont pas des punitions, mais elles nous demandent un changement de point de vue, un regard différent. Faire fonctionner le lien entre notre nature matérielle, tangible et notre nature spirituelle, intangible, nous demande de nourrir un espace où les sensations, les images et les mots circulent librement et se renouvellent sans cesse en réponse au flux incessant de stimuli qui nous viennent de l’extérieur. À chaque fois que notre souffrance s’exprime comme une plainte répétitive qu’aucune nouvelle parole ou image ne vient aérer, nous pouvons être sûr que nous n’arrivons pas à lâcher nos certitudes pour aller vraiment à la rencontre de nous-mêmes. Nous sommes pleins de bonne volonté : nous faisons des efforts au lieu de lâcher prise et notre attitude n’est pas un abandon inconditionnel à l’étrangeté de la vie. Nous savons déjà où nous voulons arriver. Nous avons peur de l’inconnu.


Changer de point de vue

Le Qi Gong est une des voies d’accès pour libérer le corps physique, le corps émotionnel et le corps mental. Il nous permet de rétablir une libre circulation entre ces trois corps et de les mettre sous la direction de ce qu’il y a de plus essentiel en nous : notre corps spirituel… Ce lien avec l’infini ne nous permet pas de trouver une réponse à toutes les contradictions qui nous habitent, à cette agitation intérieure et extérieure, à ce brouhaha qui nous envahit dès que nous laissons place au ressenti en nous… Mais cela nous permet de recevoir tout cela dans une perspective infiniment vaste, que nous ne maîtrisons en aucun cas, mais sur laquelle nous pouvons nous reposer, en toute quiétude, car c’est d’elle que vient le sens profond de notre vie. Des choix se proposent, des synchronicités arrivent, dont nous ne comprenons pas toujours le sens. Pourtant, si nous restons bien ancrés en nous-mêmes, un grand sentiment de confiance nous porte à aller de l’avant. La direction à suivre s’impose d’elle-même et le sens apparaît au fur et à mesure que nous nous engageons dans l’action.