L’hiver et le mouvement de l’EAU

L'hiver et le mouvement de l’EAU

La Terre est gelée. Un pâle soleil éclaire un paysage immobile, sans odeur, sans saveur, blanc et noir.

Parfois, la neige tombe, feutrée.

Dans le silence qui se creuse, émerge le murmure de l’eau qui chante sous la glace

L’obscurité tombe vite, le froid se fait mordant.

Le yin de yin, c’est ce lieu où la vitalité se retire dans les profondeurs de la de la terre, et du corps. C’est le lieu de l’obscur : rien ne se donne à voir. Dans le temps, c’est le cœur de la nuit, au cœur de l’hiver… Dans l’espace, cette vibration nous vient du Nord.

C’est un mouvement très particulier de l’énergie, car tout y semble immobile, presque mort. Le Ciel et la Terre ne communiquent plus, ou à peine.

Et pourtant, au cœur de cette immobilité, dans les entrailles de la Terre et de notre corps, il se prépare une alchimie mystérieuse et puissante. Une transformation radicale s’opère, germe de mort et germe de vie se côtoient. Et, dans l’obscur, un nouveau cycle de vie démarre, invisible dans ces débuts, contenant en condensé la puissance qui va accompagner tout son déroulement. Ce renouveau ne va émerger qu’au printemps, à l’aube, venant de l’Est, là où le soleil se lève.

Les chinois ont appelé ce mouvement : l’Eau.

Car l’Eau, comme ce mouvement, est un pur paradoxe : elle n’a pas de forme, mais peut épouser toutes les formes qui lui servent de contenant, et par son pouvoir de transformation en vapeur, en nuages, en neige et en glace, elle peut prendre toutes les formes possibles, imaginables et inimaginables.

La vie a commencé dans l’Eau, et l’Eau n’a pas de forme. Le vent, à sa surface, sculpte le relief changeant des vagues, qui, lorsqu’il s’apaise, disparaissent à nouveau dans ce grand réservoir de vie qui contient toutes les formes en état de mélange.

Source, origine de la vie et de toutes ses formes, elle n’a pas de forme elle-même.

C’est aussi le mouvement de la vie qui coule vers la profondeur pour se reposer et se régénérer.

« Au fond de l’eau, il y a la lumière de la Lune,

Au-dessus de l’eau, la lumière de la lune flotte,

L’eau coule, la lune demeure,

La lune disparaît, et l’eau coule toujours. » Auteur inconnu.

L’eau coule toujours. L’eau est patiente : elle trouve son chemin vers la profondeur. Elle a l’éternité devant elle pour creuser la roche.

La vie sur Terre a commencé dans la mer, dans l’eau.

Le mouvement naturel de l’Eau est de descendre dans la profondeur, et de s’y enfouir. Elle le fait tranquillement, sans lutte, sans violence.

Chez l’homme, le mouvement de l’Eau le guide à l’endroit où la vie se retire dans les profondeurs de l’Être, vers le lieu le plus proche du Mystère de la vie, le plus proche de son origine, dans le bassin et les lombes.

Nous verrons que les chinois y associent les Reins dont le rôle est de thésauriser la vie à l’intérieur du corps, dans l’intimité des organes et dans la profondeur du bassin. Cette vie qui descend au plus profond s’y condense et s’y raffine jusqu’à la constitution des cellules sexuelles, celles qui perpétuent la vie de l’espèce.

La fonction de ce mouvement d’énergie est de garder, protéger et nourrir la vie pour lui permettre de se renouveler et de renaître.

C’est donc au cœur de l’obscur, dans le Yin de Yin, que surgit le Yang pour exprimer son potentiel de vie.

 

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